Caftan marocain

Lire un caftan par TBJ

La société classique du Maroc est une harmonie. Chaque chose est à son rang, chaque célibataire a son monde. Aucune chose ne déborde. Comme dans le caftan marocain aucune chose n'est déposé aléatoirement. Aucune chose ne fuit si ce n'est le fragrance des roses distillées sur les terrasses vers la fin du printemps ou alors des effluves du bois de santal qu'on fait cramer en des occasions de fête ou de funérailles.

 

La ancienne médina de Fès et de Tétouan sont un labyrinthe, un endroit de culture et de civilisation, une cité où tout se fait avec les paluches. Des filles diront avec les doigts. Que ce soit la préparation des pâtisseries ou d'un trousseau d'union, le privilége de la dynastie passe par les doigts. Boulot bien fait, précis, méticuleux. La plupart des femmes s'y mettent. Pas interrogation de manquer ces circonstances priviligiés où la parole se promène, l'ironie et le éclater de rire enchantent cette intimité dans quel endroit il se trouve interrogation de envoyer à la future mariée un connaitre survivre plus qu'un connaitre faire. Que ce soit pour un habit de fête ou pour des broderies qui donnent au séjour sa marque et son originalité, les mamans tiennent à tout faire à la mano et se servent des matières les plus raffinées, les vraiment peu fréquents de même.

 

C'est l'exigence et la qualité qui priment. Une broderie n'est pas un tissu de déco c'est également l'expression et le fabricant des origines. On perpétue ce travail dont la continuité est un signe de rigueur de fidélité à soi et à sa dynastie. Le caftan est un habit suprême. Il doit être incroyable. Il n'est jamais à même la peau. Il est mis sur tchamir, son double en tissu blanc et fin. Il est clos jusqu'au bout. Les dessins qu'ils portent, qu'ils soient d'ordre floral ou géométrique, qu'ils mixent des teintes inattendues ou qu'ils soient peu complexes, tel un jardinet en mouvement, sont les marques d'une civilisation islamique. Le caftan est de même une parure se dévoilant en tant que l'achèvement d'un long travail de création. Beaucoup caftans sont de même brodés de l'intérieur. On n'aperçoit pas ces dessins, modestes, pas trop chargés.

 

C'est une espèce de griffe, une signature de la patte qui l'a cousu. Durant les longues cérémonies d'union classique, on constate que la mariée se change la plupart du temps, portant chaque fois un caftan original. Ce n'est pas fait à l'intérieur d'un esprit d'étalage. C'est réalisé pour marquer les diverses phases de la manifestation, ce qui donne la possibilité à la mariée d'exhiber les diverses aspects de la ceinture hzam, élément de même essentiel et primordial que le caftan. Cette ceinture grande d'une vingtaine de centimètres est faite pour accompagner les divers caftans de la soirée. On tourne le hzam et nous avons les couleurs et broderies correspondantes à celles du caftan porté. Beaucoup hzam sont des oeuvres d'art. Ils sont riches en raisons, dessinant des arabesques qui rappellent l'Espagne mauresque tout en célébrant l'exactitude de l'imagination téouanaise ou fassie.

 

Les broderies tétouanaises sont plus complexes, plus incroyables, ce qui n'enlève rien à leur raffinement. Pour assimiler cette entreprise, il est nécessaire de apprendre à bouquiner le caftan, aller au-delà de ce qu'on aperçoit. Chaque caftan relate une affaire ; par moment c'est un poème, dont la gratuité est dans une tradition et également le passé d'une société qui a sur être en paix avec elle-même, qui n'a jamais accepté de sacrifier les valeurs marchandes bien qu'elle ne les néglige point.


11/01/2012


Caftan : l'histoire

D'origine persane, le caftan est une tunique interminable et importante, sans col, à manches longues, composée de nombreux lés qui lui donnent plus ou moins d'ampleur. Il est porté de même bien par les hommes que par les filles. Totalement ouvert sur le face à, il est garni d'une ganse de soie tressée (sfifa), clos d'une rangée de touches (âakad) et de ses brides (âayoun). Ce caftan est nommé aïn ou ouqda ("oeil et touches"). Ses broderies sont de soie d'or ou de liquide, de pierreries ou de passementerie.

 

Elles ornent le plastron, les épaules et le bas des manches. Les premiers textes marocains mentionnant le caftan dateraient du XVIe siècle. Déjà porté par les Parthes et les Perses, le caftan aurait été inséré dans l'Orient musulman sous les Abbassides. L'émir Abd al Rahman II (822-852) - petit-fils de Abd al Rahman I, qui gagna l'Andalousie où il constitua un émirat libre au IXe siècle -, épris de culture, accueillit la star Zyriad, venu de Bagdad. Celui-ci fit connaître aux Andalous le raffinement de l'Orient musulman et les modes musicaux, les arts culinaire et vestimentaire. Il leur montra ce qu'il fallait porter selon les saisons : du blanc et des toiles légères la période estivale, des habits doublés et foncés la saison hivernale. Au départ du XIIe siècle, l'Andalousie - gouvernée par les dynasties berbères - indique une sensibilité artistique net, de récents goûts et de inédites objectifs qui autorisent à son art et à son artisanat de rayonner dans toute la Méditerranée.

 

Son influence du caftan s'exerce de manière poursuit dans les bourgades marocaines dites hadaria ("citadines") : Fès, Rabat, Salé et Tétouan. En 1492, la reconquête chrétienne s'achève par la connectique de Grenade, dernier royaume musulman resté aux paluches des sultans nasrides (1238 - 1492). En dépit de leurs promesses, les rois catholiques ordonnent l'expulsion des musulmans et des juifs. Aux XVIe et XVIIIe siècles, des flots d'exilés arrivent ensuite au Maroc. Ils feront savoir aux bourgades du nord les nouvelles méthodes de tissage de la soie et achèveront de diffuser leurs modes vestimentaires.


11/01/2012


Caftan marocain par Pierre Bergé

Quand nous sommes arrivés à Marrakech pour la première fois en 1966, Yves Saint Laurent et moi, nous ne savions pas que cette cité allait jouer une fonction de même essentiel dans notre vie avec le caftan marocain, que nous y achèterions trois maisons dont le célèbrissime jardinet Majorelle ni que le Maroc allait évoluer vers notre nation d'adoption, notre second patrie celle du caftan marocain.

 

C'est avec énormément d'émotion et, disons-le, de fierté que nous présentons cette exposition de caftan marocain, de bijoux et de broderies. Tous ces objets sont d'une qualité rare et le visiteur ira donc à la rendez-vous de la culture marocaine et d'un art de tout temps vivant. Effectivement, Yves Saint Laurent revendique haut et fort l'influence du Maroc sur sa création. La richesse vestimentaire de cette nation ne lui a pas échappé. Il a su s'approprier les lignes de la jellaba pour fabriquer de somptueuses robes fluides, s'inspirer du jabador, du burnous et du tarbouch masculins pour bâtir des silhouettes bien à lui, altérer le burnous en une cape rose, réaliser un caftan dans l'ensemble immaculée du haïk.

 

Ce fondateur a volé au Maroc ses costards ancestraux pour en tirer la quintessence du caftan, au ciel de Marrakech ses couleurs et sa lumière pour en exalter l'harmonie. Dans cette exposition nous avons voulu faire voir que les habitants du maroc pouvaient être fidèles à leur passé tout en regardant le présent. Puisse le rendez-vous de ce caftan marocain, broderies et bijoux vous médiatiser et apprécier plus le Maroc et débattre notre passion marocaine.


11/01/2012